Quels effets du confinement sur la consommation de vin ?
Une étude réalisée par l’association européenne des économistes du vin EuAWE auprès de 7200 consommateurs de vin de quatre pays (France, Espagne, Italie, Portugal) a été réalisée entre le 30 avril et le 10 mai 2020. Une synthèse et une analyse des réponses est désormais disponible en anglais : télécharger la synthèse (110 KB).
NB : si le nombre de répondants est suffisamment élevé pour établir des statistiques fiables, l’échantillon n’est pas représentatif des populations dans leur ensemble. Il représente des populations de consommateurs d’alcools, et particulièrement de vin.
Quels changements dans les habitudes de consommations pendant le confinement ?
L’étude révèle une nette augmentation de la consommation de vins tranquilles dans tous les pays étudiés pendant le confinement : en France, 44% des répondants ont déclaré boire davantage de vin pendant le confinement. La tendance semble plus nettement marquée chez les 30-50 ans. En revanche, la consommation globale de bière a diminué, et la consommation de spiritueux a quant à elle plongé drastiquement. Aussi semblerait-il que le prix d’achat moyen des vins ait globalement baissé.
Les occasions de consommation ont également changé. Si bien évidemment, la consommation liée au contexte de réunion amicales ou familiales s’est arrêtée, la période de confinement a connu une véritable explosion d’apéritifs en ligne : environ 50% des français ont en effet déclaré avoir eu recours à cette pratique. Tendance d’autant plus marquée chez les consommateurs citadins CSP+. Enfin, l’augmentation de la consommation est très nettement marquée chez les personnes vivant seules et sans enfants.
Comment expliquer plus précisément cette augmentation globale de la consommation ?
Selon l’étude, le profil des personne interrogées est liée à l’augmentation de la consommation. Parmi les facteurs favorisant cette tendance :
- le fait d’être seul
- l' »anxiété économique » : revenus modestes, peur des conséquences économiques de la crise du covid-19 (plus que la maladie en elle-même)
- le profil du consommateur : ceux qui ont des raisons personnelles de boire (parcequ’ils aiment le goût, l’effet relaxant), avaient une propension à consommer bien plus forte que les consommateurs sociaux (qui boivent pour la convivialité)
Enfin, l’efficacité du marketing et de la communication de certains producteurs auprès de leurs cibles en leurs offrant des possibilités d’approvisionnement (livraison, etc…) semblerait avoir eu un effet positif sur la consommation également.
Quels canaux de distribution ces consommateurs ont-ils privilégié ?
Le confinement a-t-il permis une forte augmentation de la vente de vin en ligne ? Pas tant que cela d’après cette étude de l’EuAWE, dont 80% des répondants ont déclaré ne pas avoir eu recours à ce canal de distribution. En effet, les deux principales sources d’approvisionnement se sont concentrées autour de la grande distribution et du déstockage des caves personnelles des consommateurs. Toutefois, il faut noter que le confinement aura permis aux acteurs du e-commerce de recruter de nouveaux adeptes : en effet, ceux qui ont acheté vu vin en ligne pour la première fois pendant le confinement représentent respectivement 8,3% des répondants en Italie, 6,6% en Espagne, 5,2% au Portugal et 4,6% en France.
Et pour après, quelles tendances ?
70% des répondants au sondage ont déclaré leur intention de favoriser l’achat de vin local pour soutenir leur économie après le confinement. 25% de ceux qui ont pratiqué des apéritifs en ligne pendant le confinement ont déclaré souhaiter poursuivre ce mode de consommation. Enfin, en ce qui concerne le risque d’addiction dû à l’augmentation de la consommation domestique pendant le confinement, il est difficile de répondre à cette question, faute de données comparative sur d’autres modes de consommation avant le confinement (bars, restaurant), et de données sur la quantité réelle consommée. Une reconstitution des stocks sera sans doute à anticiper dans les prochains mois, mais essentiellement pour les vins de garde.
Téléchargez les résultats de l’étude détaillés par pays (en anglais) :