Protéger l’environnement : moins de phyto, plus d’infos
Qu’est-ce qui coûte cher, qui prend du temps et qui fait polémique ? C’est certain, vous l’avez trouvé, c’est le «phyto» ! Il existe aujourd’hui de nombreuses solutions pour réduire l’usage des produits phytosanitaires naturels ou de synthèse tout en conservant leur efficacité. Optimiser la quantité et la qualité des informations recueillies sur le terrain pour diminuer la quantité de vos «phytos», voilà l’enjeu de cette nouvelle confidence d’expert !
Par Philippe Grzesiak (INSTEAD CONSEIL), Kévin Berteaud (RVS CONSULTANTS), et Maximilien Delemotte (MD CONSULTANT), membres du Pool Conseil Inno’vin.
Trois règles pour optimiser l’usage des produits phytosanitaires
Une manière de réduire la consommation de pro-duits phytosanitaires est d’optimiser leur utilisation, notamment avec les 3 règles de décision : « bon moment, bonne cible et bonne dose. »
Le déclenchement d’un traitement est conditionné par la collecte et la compilation d’informations techniques. Ces données sont, avant tout, des observations de terrain (stade phénologique, réceptivité aux maladies/ravageurs au vignoble…). Elles sont couplées à un éventail d’OAD (Outils d’Aide à la Décision) comme les stations météo, les modélisations maladies et ravageurs, la détection et le suivi de maturité des oospores de mildiou, les réseaux de piégeage et comptage de ravageurs, les bulletins techniques régionaux (BSV, GDON, indépendants…)… Toutes ces informations peuvent être acquises à l’échelle de l’exploitation, de l’appellation ou du département…
La cible est, elle aussi, déterminée par l’observation terrain. Il s’agit là d’identifier les parcelles réceptives, les cépages ou secteurs les plus sensibles comme les mouillères ou encore les zones où la vigueur est importante. La vigueur peut également être mesu-rée à l’aide d’outils de télé ou proxydétection. Cela permet, par exemple, de ne localiser l’anti-botrytis que sur les zones de forte vigueur ou, en isolant l’inter-rang (télédétection) de ne désherber chimiquement que les portions problématiques. Enfin, le produit doit évidemment atteindre sa cible. La pulvérisation doit donc être optimale.
La dose est d’abord réglementaire et doit en conséquence respecter l’homologation. Elle peut néanmoins se raisonner selon le développement et la sensibilité du végétal et l’utilisation du ma-tériel de traitement. Par exemple, il est possible de fermer les buses du haut, en début de cam-pagne lorsque le feuillage est peu développé, ou celle du bas lors de la post veraison, lorsque les grappes ne sont plus sensibles. Ensuite, la dose des produits de contact peut être adaptée en fonction de la pression fongique du moment, de la pousse et des quantités d’eau annoncées. Pour finir, la quantité de désherbant peut être modulée selon le type d’adventice observé : graminée, di-cotylédone, annuelle, vivace…
Des outils de collecte d’informations mobiles et adaptés à chaque vignoble
Le constat est donc clair : la prise de décision permettant d’appliquer une stratégie de lutte phyto-sanitaire vertueuse nécessite un grand nombre d’informations. Or, cette donnée est coûteuse puisque sa collecte et son traitement nécessitent des outils et peuvent s’avérer chronophages. De plus, sa valeur diminue avec le temps ( une observation de maladie doit pouvoir générer une prise de décision dans les 24 heures). Pour ces deux raisons, on observe que les systèmes d’information les plus efficaces sont ceux qui permettent aux opérateurs de terrain de saisir directement les informations dans le système (donc avec des appareils mobiles) et qui s’appuient sur des outils pouvant être pris en main très facilement et s’adapter aux usages de chaque vignoble ainsi qu’à l’évolution de ces usages.
Crédit photo : RVS Consultants
L’évolution actuelle des technologies permet désormais de s’appuyer sur des systèmes qui doivent combiner quatre dimensions essentielles pour as-surer leur efficacité et leur pérennité. Ces quatre piliers sont résumés sous l’acronyme « SMAC » pour :
- Social : système qui permet de partager facile-ment des données entre les différents interve-nants (système central ouvert)
- Mobile : qui inclut des outils de saisie terrain
- Analytique : qui favorise l’analyse des données collectées en temps réel
- Cloud : qui ne doit pas apporter de contraintes en termes d’usage (installation, maintenance ….)